Fête du 4 septembre ( légèrement en retard ) [ A tout les élèves des deux établissements ]

.:: Prune s'avançait, assurée, vers l'habituel terrain vague où se tenait ce jour-là la fête, bravant avec aisance "l'épreuve" pour certaines des talons aiguilles de treize centimètres. Aujourd'hui - tenue de fête oblige -, elle était vêtue d'une robe ballon violet foncé à col chinois, avec des manches ballons elles aussi, ornées de petites dentelles noires aux extrémités, et s'arrêtant à mi-cuisse. Elle portait tout de même un short sous sa robe (on ne savait jamais, et puis, elle se sentait plus à l'aise au cas où des élèves dégénéraient et qu'elle était obligée d'intervenir).

- Just like Philadelphia
Freedom means a lot to me
In between the place I’ve been
And where I’m goin’
I can see America
Tryin’ not to show her age
Even though the winds of change
Keep on belowing’

And I would lay your body down and rock your tears away
But it’s much too late for now to be like yesterday
And the time is running out and we still have to say
Goodbye

Remember Philadelphia
When the world was young and warm
So in love and living for
Everything new
But I know Philadelphia
The winter wind will slowly take
Your heart and soul until it makes
Nothing of you

And I would lay your body down and rock your tears away
But it’s much too late for now to be like yesterday
And the time is running out and we still have to say
Goodbye

Flash and peace sign take a bow
Though we may not know it now
Things are never gonna be the same
Here on Seventh Avenue
I tip my old top hat to you

I hope you find somebody who
Will love you like I do
'Cause I would lay your body down and rock your tears away
But it’s much too late for now to be like yesterday
And the time is running out and we still have to say
Goodbye
Goodbye
Goodbye

Goodbye Philadelphia

Elle esquissa un léger sourire en finissant de chuchoter la chanson de Peter Cincotti. Philadelphie...
Il n'y avait pas encore beaucoup de monde devant l'estrade. Il fallait attendre que les élèves arrivent. Elle espérait juste qu'ils passent de la bonne musique...

.:: Ethan referma le clapet de son téléphone portable en soupirant. Il était déjà près de l'estrade depuis près d'une demie-heure, n'ayant rien d'autre à faire.
Le garçon n'était pas vraiment vêtu comme il le devait pour une fête à proprement parler, et portait simplement une chemise, un jean, et des baskets. Pour la simple raison qu'il n'aspirait pas spécialement à soigner sa tenue pour une soirée sans importance réelle dans sa vie, comme certains...
Il eut un sourire.

- ETHAAAAAAAAAAAAAAAN !
Ethan soupira d'un air exaspéré, avant de pivoter sa chaise de bureau vers sa sœur qui venait de rentrer, paniquée, dans sa chambre.
- Tu pourrais frapper à la porte, se désespéra-t-il. C'est vraiment...
- Pourquoi ? l'interrompit Aylin. T'étais en train d'écrire ton journal intime ?
- J'ai pas de journal intime, abrutie, rétorqua-t-il.
Elle s'approcha subrepticement du bureau, et saisit le petit cahier qui trônait là, ouvert.
- Ah ouais ? fit-elle en haussant un sourcil. Ah, mais c'est ton rapport sur Selena Müller ça !
- Bah tiens donc, ironisa-t-il. Tu croyais que c'était quoi ? Le Death Note ?
Ignorant la boutade, elle haussa les épaules, puis rejeta sa longue chevelure blanche en arrière, avant de commencer sa lecture :
- "... Le départ de Timothée Morteterre, l'éclatement de tous ses amis au lycée, et la rencontre de Draco Müller l'ont fait changer radicalement, en l'espace de ces quelques années. D'adolescente prometteuse et inconsciente, elle est passée au stade de jeune femme responsable et brillante. Coupant les ponts avec tous ses anciens amis - à part Blake Griffith, Julian Durand et Shan O'Dàlaigh -, elle choisissait définitivement son camp et"... T'en es qu'à là ? s'insurgea-t-elle.
Ethan bâilla, puis prit des mains d'Aylin le rapport en question, avant de le ranger dans un des tiroirs de son bureau. Jetant un regard à l'horloge son radio-réveil, il constata qu'il était plus de dix heures du soir. Il demanda, légèrement ennuyé :
- Bon, t'es venue pour quoi ? Si tu me réponds que c'était pour lire mon journal intime - si seulement y en avait un -, je te bute. T'as vu l'heure au moins ?
- Ouiii, je sais qu'il est tard, l'implora-t-elle d'un air suppliant, mais je voulais te demander si c'était mieux que je mette le débardeur bleu de maman ou la chemise grise de papa ?
- Pourquoi tu viens toujours me faire chier avec des trucs comme ça ? déplora-t-il. Qu'est-ce que j'en sais !
- Mais allez euuuh ! supplia la jeune fille en enlaçant ses bras autour du coup de son frère. L'autre fois, t'avais fait un effort, tu m'avais dit que c'était le bleu qui m'allait mieux...
- Non, rétorqua amèrement Ethan. C'était Ciel.
Un silence lourd plana dans la chambre. Le garçon retira les bras de sa sœur, et se retourna vers son bureau. Il saisit un stylo, et ressortit son cahier.
"... virait du côté de l'alliance FIRE, fidèle à sa patrie. Ielena Kitaëv, elle, quitta la Russie pour l'Angleterre, plus juste d'après elle. Après s'être mariée à Draco Müller très jeune (à peine dix-huit ans) pour des raisons d'héritage et d'alliances familiales, Selena eut son premier enfant (Maïa Mei-Lin Müller, actuellement chef des unités..."
- Tu crois que Ciel pourrait être où, là, maintenant, tout de suite ? questionna Aylin après quelques minutes de vide.
Ethan lâcha un soupir. Tout en continuant d'écrire, il répondit :
- Il est mort, Aylin. On ne peut rien faire contre ça. C'est la vie, c'est tout.
- Mais... tenta-t-elle de protester.
- Non, Aylin. Il s'est fait descendre par ces connards de ricains, un point c'est tout. Y a pas à chercher plus loin.
Elle se tut, émettant un petit toussotement présomptueux. Ethan haussa un sourcil, tourna sa tête vers sa jumelle.
- Ton problème, Ethan, rouspéta-t-elle, c'est que tu crois tout ce que les gens supérieurs à toi te disent...
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? s'interrogea-t-il.
- JE VEUX DIRE, dit Aylin, que tu bois les paroles de Freya et Monsieur Morteterre sans essayer de les contredire ! Tu ne te poses même pas la question de savoir si c'est vrai ou pas.
- Tu sous-entendrais donc que Ciel est en vie ? persifla Ethan.
- Roh, laisse tomber ! balança-t-elle en amorçant son départ. T'es lourd, tu comprends rien. Je vais mettre le débardeur bleu.
- Passe pas trois heures à essayer des fringues, lui recommanda-t-il, brosse-toi les dents, et couche-toi direct après !
- Fais-en de même, crétin.
Elle claqua la porte.

Ça, crétin, il l'avait été. Crétin et incapable. Incapable de sauver sa sœur, de retenir son frère, et de deviner ce qui se tramait là-dessous. Lui, futur successeur de Timothée ? La blague.
Quelques élèves commençaient à remplir le terrain vague. Dans ces quelques individus, une personne lui sauta aux yeux : brune, avec des cheveux volumineux et des anglaises, et des yeux violets... Prune Prunille Durand, nièce de Timothée Morteterre et fermente opposante à la Reine... et à son oncle.

.:: Jonathan, perché dans un arbre depuis un petit moment déjà, observait les petites scènes qui se déroulaient devant ses yeux. Il identifiait déjà toutes les personnes importantes présentes ici. Pour Oscar Quinn, Liz Kenneth et Ethan C. A. L. Işık ne poseraient pas de problèmes. En revanche, Durand et McBleider... Il lâcha un soupir, refit ses lacets damiers rouges et verts, et sauta de son perchoir.
Peut-être surprit-il des gens. Peut-être passa-t-il inaperçu. Mais un beau jeune homme tombant d'un arbre, des feuilles rousses dans les cheveux, portant une chemise à boutons carrés et oranges, ainsi que des converses oranges et des jeans tâchés à l'avance, n'est-il pas quelque peu voyant ? Il n'en avait cure.

Vers qui, ou quoi se diriger ? Le groupe qui prenait place sur l'estrade avait juste l'air d'être une pâle réplique de Green Day, promenant des idéaux punks révolus depuis longtemps et n'arrivant pas à innover depuis l'âge d'or du rock n'roll, comme tous les actuels petits groupes de jeunes qui échouaient inexorablement à surpasser les Beatles. Quel message avaient-ils à faire passer ? A part "On est les plus forts", cette époque ne prônait pas d'idées très révolutionnaires...
Les petites échoppes des marchands ne l'attiraient pas. Il n'avait pas faim. Et pas envie de dépenser son argent inutilement. Il sourit.

- Mais POURQUOI tu achètes toujours des produits hyper chers ?! s'insurgea Juliana en louchant sur la boîte de céréales que Jonathan venait de fourrer dans le caddie du supermarché.
- Bah, ça a l'air bon, se justifia Jonathan en haussant les sourcils.
- Tu te rends compte de toute les merdes que t'as foutu dans ce caddie ! s'emporta-t-elle en fouillant dedans. des trucs bourrés de produits chimiques, et...
- Roh la la, c'est bon aussi ! Si on peut plus rien acheter maintenant... soupira-t-il.
- Ya que c'qu'on fait qu'est boooon, asséna-t-elle d'un ton meurtrier.
- Mais de quelle cambrousse tu sors, bordel ! fit-il en levant les yeux au ciel et en poussant le caddie.
- "Bordel", ça veut dire quoi ? demanda une voix fluette et chantante, à l'autre bout du rayon.
Juliana et Jonathan tournèrent en même temps le tête vers l'individu qui venait de parler. Surpris, ils dévisagèrent une étrange petite fille qui souriait de toutes ses dents.
Elle ne devait pas avoir plus de douze ans. D'immenses cheveux roux, un visage fin encadré par deux mèches de cheveux blancs, et deux immenses yeux bleu océan, pétillants d'intelligence et de joie de vivre. La peau étrangement pâle, presque blanche. Vêtue d'une robe blanche et d'un jean blanc. Les mains derrière son dos, elle attendait sagement une réponse à sa question.
- Un vilain mot que les enfants de ton âge ne devraient pas entendre ni répéter, répliqua Juliana, un peu troublée par l'étrange créature qui se tenait devant elle.
La petite fille soupira, l'air de quelqu'un qui en a assez d'être sous-estimé. Elle ferma les yeux, et les rouvrit, avant de dire sans se départir de son sourire :
- Toi, tu es une génération 1, 2 ou 3 ?
- De quoi tu... tenta-t-elle.
- Ah, je vois, déplora la curieuse gamine. J'avais déjà remarqué qu'ici, au Royaume-Uni, vous n'étiez pas très au courant de "ses" activités, mais je ne pensais pas que vous étiez ignorants à ce point-là...
- Mais de quoi tu causes ? s'indigna Jonathan.
- Le projet OTO du professeur Johansson, ça vous dit quelque chose ? persifla la petite fille.
Juliana resta coite. Jonathan tourna son regard vers elle, mais elle ne répondit pas à son interrogation muette.
- Johansson... Johansson... Oh, John, je suis désolée, je...
- Quoi ?! s'énerva-t-il.
- Excusez-moi, s'expliqua la jeune fille. Je ne vous avais pas reconnue...
- Ce n'est pas trop tôt, soupira l'étrange gamine. Et arrête de me vouvoyer, enfin.
- Mais putain Julia, c'est qui ?! s'emporta-t-il.
- Désolée, John, s'excusa Juliana. Cette personne est...

.:: Ethan fut surpris par l'apparition d'un jeune garçon roux, non loin de là. Des fringues bizarres, et une tête qu'il avait déjà vue autre part... Mais où ? Il fronça les sourcils. Avant qu'il ait pu cerner l'identité de l'étrange individu, une fille monta sur scène, arracha le micro et une guitare des mains d'un membre du groupe. Elle hurla quelque chose avant de commencer à chanter. Un air qu'il connaissait vaguement. Le rock et la pop n'étant pas ses terrains de prédilection, il ne connaissait même pas le titre. Mais il était sûr de l'avoir déjà écoutée, vaguement.
Il se décontracta, ferma les yeux. Au détour d'un couloir... Le goût des médicaments... Un plâtre rêche enserrant son bras droit... La porte, noire, identique aux autres, de la salle de repos.

- LOOOOVEBUUUG AGAAAAAIN ! hurlèrent à l'unisson les triplées Jane, Jillie, et Anguerande, sur le micro du karaoké de la salle de repos.
- Rooh, mais fermez-là bordel ! grogna Dan en s'enfonçant dans un fauteuil moelleux. C'est quoi encore c'te musique de chiotte qu'vous écoutez ?
- Les Jonas Brothers, répliqua Jillie. Tu peux PAS comprendre.
Jillie, c'était LA fille de 15 ans par excellence. Elle tombait amoureuse de tout ce qui bougeait, adorait les trucs mignons, écoutait des groupes à la mode, et changeait de goûts comme de chaussettes. Elle avait la réputation d'être sortie avec tous les frimeurs, les intellos, et les racailles des archivistes, ce qui n'était pas rien. Petite, brune, avec les cheveux bleus électriques aux pointes blanches (comme l'exigeait la tendance du moment), elle ne sortait cependant de la masse que grâce au trio fulgurant que ses deux sœurs et elle composaient.
- Mais c'est quoi c'te truc, vous écoutez des groupes de beaux gosses de l'ère préhistorique ou quoi ? Ces p'tits puceaux acnéiques sont morts depuis longtemps... soupira encore le jeune garçon. Écoutez les BABYSHAMBLES bordel !
- Et les Red Hot Chili Peppers, renchérit sa sœur jumelle en s'asseyant à côté de son double et en se blottissant contre lui.
- Ce serait pas de la même époque que les Jonas Brothers ça ? s'interloqua Jane en haussant un sourcil.
Jane était le genre d'adolescente que personne n'avait envie d'avoir comme amie. Sérieuse et snob en toutes situations, elle détestait se tromper et était très rancunière. Sous ses faux airs d'élève sage et surdouée, elle galérait en piano (sacrilège !) et préférait jouer de la guitare électrique. Flemmarde quand ça lui chantait, elle prenait tout le monde pour son chien et imposait sa loi. Heureusement, grâce à Jillie et Anguerande, elle n'était pas exclue des archivistes. De petite taille, aux longs cheveux blond norvégien, et aux yeux marron foncé, elle avait un physique et un look plutôt normaux.
- Ce qu'il veut dire, rumina Angelo qui avait mis son MP3 à fond afin de ne pas entendre la musique des trois filles, c'est que les morceaux que vous écoutez sont pas HYPER transcendants tu vois... Alors que, par exemple, les Artic Monkeys, ÇA c'est de la musique !
- JILLIIIIIIIIIIE ! hurla Anguerande. METS SIMPLE PLAAAAN !
Anguerande était plutôt le genre à faire écouter attentivement quand quelqu'un - qui que ce soit - s'adressait à elle, mais à ne rien comprendre dès que l'on parlait de quelque chose d'un niveau plus élevé que "Le 7up du Fast-Vicky a un goût de purée en cube, tu trouves pas ?" Elle n'était pas très intelligente, et ne cherchait pas à l'être. Elle était cependant appréciée pour sa qualité d'écoute, et tout le monde venait se confier à elle... A ses risques et périls ! Elle était très encline à raconter tout à tous ceux qu'elle croisait. Petite, un peu enveloppée, aux cheveux châtain clair mi-longs et aux yeux marrons.
- Raaah, c'était mieux quand Ciel et Aylin étaient là... déplora Zafrina. Ils nous mettaient du John Coltrane, Aylin chantait du Ella Fitzgerald et hop, c'était classé !
Âgée de 14 ans, Zafrina était quelqu'un que l'on pouvait qualifier de "très mûre pour son âge". Personne n'avait jamais rien à lui reprocher : elle était sérieuse, sympathique, et douée en tout. De très bonne compagnie, elle avait quand même tendance à penser un peu trop à ses camarades masculins, en particulier aux blonds décolorés aux yeux bleus... De taille moyenne, aux longs cheveux bouclés et bruns, parsemés de mèches rouges et noires, elle avait un œil jaune et l'autre rouge.
Un silence lourd pesa un moment sur le groupe. Angelo détourna le regard, Astrid accrocha soudainement le bras de son frère et ce dernier se crispa automatiquement. Les triplées stoppèrent momentanément leurs chants. Regrettant aussitôt ses paroles, Zafrina alla tout de même débrancher le micro du karaoké avec un soupir, puis s'installa à côté d'Astrid.
Soudain, la porte s'ouvrit, mettant fin au silence assourdissant qui avait suivit la petite discussion.

Voilà, c'était exactement ça. Une conversation, entendue, devinée, à travers un mur blanc, il y avait déjà deux ans de cela.
Ethan jura mentalement.

Tu croyais t'en sortir comme ça, vermisseau, hein ?

Le sol tangua sous ses pieds, une fraction de secondes, et le goût du sang lui revint à la bouche.

Tu te demandes comment j'ai fait ça, hein ? Eh oui, c'est bien la voix de ta sœur qui te parle dans ta petite caboche d'archiviste ! Tu voudrais que je t'explique, hein ? Que je craque pour tes beaux yeux, hein ? Eh ben mon cochon, tu rêves ! C'est pas un gamin comme toi qui va faire larmoyer la vieille branche que je suis.

Une douleur vive enflamma son avant-bras droit.

Et puis après, je suppose que tu voudras savoir qui je suis, d'où je viens, ce que je fous dans ta sale tête, quel est mon nom, et comment j'ai réalisé une telle PROUESSE ! Et tu te dis aussi que c'est pas normal que j'arrive à anticiper toutes tes pensée, hein ?

Il se mordit la lèvre pour ne pas hurler. Résister. Résister.

Scotché, hein ? Eh bah oui, je suis celle qui a cloué toute ta famille par terre ! Je peux te dire que ton père et ton frère se posaient exactement les mêmes questions que toi !

La souffrance n'était rien. Juste un fantôme.

Mais je dois avouer que, grâce à ta chère sœur, je peux me permettre le plaisir de communiquer avec toi mentalement... C'est bien plus jouissif que de juste écouter Julian débiter ce qu'il comprend de ce que tu songes ! Eh, tu m'écoutes, l'énergumène, hein ? Pas la peine de se concentrer à lutter contre moi, c'est inutile pitchoun !

Un fantôme du passé. Une hantise. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien...

...

Il lâcha un soupir de soulagement. La douleur avait disparu aussi soudainement qu'elle était apparue. Pour se changer les idées, il fixa son regard sur la personne qui était montée sur scène. Une fille, nouvelle probablement, car il ne l'avait jamais vue. Elle changea de chanson. L'impression de déjà-vu se dissipa.
Ethan se concentra sur la personne qui avait pris place sur la scène. Elle chantait bien, oui. Peut-être pas la bonne chanson adaptée à sa voix ? En tout cas, il ne pouvait détacher son regard de la jeune fille. Grande, aux cheveux roux-rosés, et deux yeux vairon... Ces deux prunelles, dans lesquelles il plongeait, sans pouvoir s'en détacher.
La pluie s'était mise à tomber, sans qu'il s'en soit rendu compte. Il était trempé, ses cheveux s'aplatissaient, ses vêtements lui collaient à la peau. Septembre était là. Mais il n'en avait rien à faire. Il n'avait d'yeux que pour la fille qui, malgré le manque de participation de la part des étudiants, continuait d'assurer le "show", essayant de donner un peu d'entrain à cette population endormie qu'était l'Angleterre... Non, qu'était la Terre...
Il secoua la tête. A quoi pensait-il ? Il était en mission ! En mis-sion ! Pas question de se ramollir alors que les ennemis étaient là, à portée de coup !

Non loin de là, devant lui, il vit une autre fille tomber, s'écorchant. Elle semblait perdue. Il fit quelques pas, et lui tendit la main.

- Ça va ?

- OOOOOKAY LES GENS !

.:: Jonathan était monté sur la scène en un éclair et avait saisit un des micros proches de la jeune fille aux cheveux roux-roses et n'avait pas hésité à hurler dedans dès la fin du morceau de la jeune fille.

- Comme l'a dit quelques instants plus tôt notre mystérieuse cantatrice, commença-t-il avec des airs d'animateur de festival, on se fait chier à mort ! Alors, réveillez l'ado punk qui sommeille en vous ! Éclatez-vous, défoncez-vous, bourrez-vous la gueule ! Pensez à notre magnifique 20ème siècle où les petites racailles crachaient par terre et où le rock n'roll était à l'apogée de sa magnificence ! Bon, je veux pas non plus qu'on m'accuse d'incitation à la débauche, alors, malgré ce que je viens de dire, évitez de boire quelque chose de plus fort qu'un Orangina et ne prenez pas de cocaïne ou même du LSD. Voilà, merci de votre attention, et en avant la musique !

Il avait prit une guitare pendant qu'il parlait. Il jeta un regard à June et lui fit un clin d'œil accompagné d'un sourire ravageur dont il avait le secret. Puis, il reprit son mini-discours, l'air (un tout petit peu plus) solennel :

- Je souhaite dédicacer la chanson que nous allons interpréter à une personne qui m'est très chère. Sa petite sœur reconnaîtra l'air.

Et puis, il commença à chanter. Sa voix, contre toute attente, collait parfaitement à la chanson qu'il interprétait quasiment à l'identique que le chanteur original, avec ses petites améliorations personnelles :

- Old yellow bricks,
Love's a risk,
Quite the little Escapoligist
Looked so miffed,
When you wished,
For a thousand places better than this,

You are the fugitive,
But you dont know what you're runnin from,
You cant kid us,
And you couldnt trick anyone,
Houdini, love you dont know what you're runnin away from,

Who wants to sleep in the city that never wakes up?
Blinded by nostalgia,
Who wants to sleep in the city that never wakes up?

She wasnt raised by the way,
That the emperor put traps in the cage,
And the days she being dull,
Lead to nights readin beer bottles,

You're such a fugitive,
But you dont know what you're runnin from,
You cant kid us,
And you couldnt trick anyone,
Houdini, love you dont know what you're runnin away from,

Who wants to sleep in the city that never wakes up?
Blinded by nostalgia,
Who wants to sleep in a city that never wakes up?

You're at a loss,
Just because,
It wasnt all that you thought it was,

You are a fugitive but you dont know what you're runnin away from,

She said I want to sleep in the city that never wakes up,
And revel in nostalgia,
I know I said he wants to sleep in the city that never wakes up but,
Dorothy was right though...

[Old Yellow Bricks, Arctic Monkeys

Voilà ce que ça devrait donner... Jonathan a une voix un peu plus grave que celle d'Alex Turner, mais bon, c'est Johnny hein, il est trop balèze ce mec bon dieu !]

.:: Jonathan sourit aux paroles de la jeune fille, et serra vigoureusement la main de June.

- Les discours de motivation ont toujours été ma spécialité. Jonathan Greenblood, pour vous servir, lady June, répliqua-t-il de son éternel sourire.

Il tourna ensuite sa tête vers le public après avoir lâché la main de la jeune fille. Les spectateurs semblaient plus motivés. L'ambiance montait tout doucement. Il faudrait un moment à la soirée pour atteindre son point d'effervescence, mais il pensait pouvoir y arriver avec l'aide de certaines personnes...
Il mit délicatement des écouteurs dans ses oreilles, reliés à un objet dans sa poche, et appuya sur ce même objet. Aussitôt, un léger grésillement résonna dans ses oreilles. Il murmura quelques mots à peine audibles, et saisit à nouveau le micro et la guitare.

- Seven Nation Army, tu connais, je suppose ? demanda-t-il sans vraiment attendre de réponse. A toi l'honneur.

.:: Prune se mordit la lèvre et serra les poings pour ne pas hurler. Une flamme indigo s'était allumée dans ses yeux.
Il était là. Devant elle, arrogant et fier. "Sa petite sœur reconnaîtra l'air", venait-il de dire. Quel connard. Comme pouvait-il avoir l'audace de dire ça ? Il l'avait donc déjà repérée ? Il devait être à LockHart, elle n'était pas au courant de sa venue. Mais alors...
Elle esquissa un sourire. Non seulement il était tombé dans le piège, mais en plus elle allait pouvoir régler ses comptes elle-même ! Elle en frémissait d'avance. Voir sa tête de rouquin éclatée sur le sol. Brises ses os, éclater ses articulations, brûler son visage.
Trouver sa défaite.

Elle commença à chantonner doucement les paroles de la chanson dès qu'elle entendit le son de la basse.

- I'm gonna fight them off
A seven nation army couldn't hold me back
They're gonna rip it off
Taking their time right behind my back
And I'm talking to myself at night
Because I can't forget
Back and forth through my mind
Behind a cigarette...

.:: Ethan esquissa un sourire aux paroles de la jeune fille. Liz Kenneth, vraiment ? Il semblait qu'il y avait beaucoup d'aristocrates dans ces pensionnats...

- Ethan. Tu veux que je te ramène au pensionnat ?

Cette proposition était parfaitement spontanée. Il doutait fort que quelqu'un dans les parages ait pris soin d'emporter du mercurochrome et des pansements... Et puis, il ne se passait rien d'intéressant. A part que le roux qu'il avait repéré quelques minutes auparavant venait de se manifester bruyamment en faisant un petit discours sur la jeunesse et la musique.
Il reconnaissait la voix de ce garçon, mais ne trouvait toujours pas qui il était. Tant pis.